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Recherches pour la technologie* du ski alpin.

Faîtes l’expérience suivante : 1) Regroupez-vous à plusieurs moniteurs et/ou entraîneurs de ski alpin sur une piste ; 2) Désignez le skieur dont vous voulez évaluer les techniques ; 3) Observez le sans commentaire ; 4) Exposez l’un après l’autre votre évaluation et les conseils que vous donneriez au skieur à vos collègues, sans vous laisser influencer par leurs discours.

Des divergences vont probablement apparaitre. Parce que chacun ne focalise pas, a priori, son attention sur la même partie de la scène visuelle que les autres, car chacun ne donne pas la même importance à tel ou tel événement qui s’y déroule, du fait qu’il ne lui attribue pas spontanément la même signification pour la pratique, c’est-à-dire la même relation de cause à effet entre la technique corporelle effectuée par le skieur équipé de ses skis dans ce contexte et sa conséquence mécanique.

C'est pour créer un référentiel technologique* commun aux moniteurs et aux entraîneurs, que nous avons étudié cette pratique ludique et sportive, afin de produire des outils objectivés d'interventions, susceptibles de les guider lorsqu'ils interviennent pour faciliter les apprentissages et les perfectionnements des skieurs, afin que des discours contradictoires ne viennent pas désorienter l'apprenti.

Les mots écris en blanc sont des liens vers un article développant le thème mis en exergue

Sous la direction de Alain Durey et avec l'équipe du laboratoire "Sciences, Techniques, Éducation et Formation" de l'école normale supérieure de Cachan (STEF), le logiciel 3Dvision développé par Gilles Dietrich (UFR STAPS de Paris V), le service des recherches avancées des skis Rossignol, la Fédération Française de Ski et les compétences en mécanique de David Néron, devenu depuis maître de conférence à l'ENS de Cachan. Nous avons mis au point une méthode vidéographique en 3D, qui permet de capturer et de reconstruire la cinématique de chaque élément remarquable du système skieur articulé-skis-contexte en slalom et modélisé son fonctionnement biomécanique.

Parallèlement, nous avons étudié précisément les fonctionnements neuropsychologiques de notre espèce, qui nous permettent de percevoir, d'agir, d'expérimenter, d'apprendre et de transmettre nos connaissances empiriques. Nous nous sommes intéressés aux processus d'objectivation de nos savoirs susceptibles de nous affranchir le mieux possible de notre subjectivité, pour rendre plus justes nos observations et nos interventions. Nous avons examiné les méthodes facilitant la transmission des savoirs, savoir-faire et savoir-être.

Cette longue investigation des différents champs scientifiques concernés par la pratique du ski alpin, nous a permis d'élaborer deux outils complémentaires pour faciliter l'apprentissage du ski alpin et/ou entraîner des compétiteurs. Le premier est une grille d'évaluation qui définit les six techniques corporelles combinées qu'utilise le skieur pour être performant avec ses skis, sur lesquels le moniteur ou l'entraîneur doit focaliser son attention pour devenir capable de les discriminer précisément. Trois autres observables résultant de son activité la complète. Le tout constitue une référence avec laquelle il peut objectiver ses évaluations de la technicité du skieur observé. Le deuxième est un modèle technologique, qui guide l'évaluateur pour "remonter" d'une conséquence observée (par exemple un dérapage) à la technique corporelle défaillante qui en est la cause. Il élucide les relations qui existent (causalité) entre chacune des six techniques corporelles qu'il nous semble indispensable de mettre en œuvre pour devenir champion avec les skis actuels, et sa conséquence mécanique (par exemple).

Chaque technique est ainsi symbolisée par une image pourvue de repères qui définit l'action à observer, la perception qui lui correspond et une définition écrite qui l'explicite. En traduisant les conceptions biomécaniques du monde des physiciens en repères perceptifs directement utilisables par les praticiens, elle définit un vocabulaire technique permettant de construire, avec l'élève, le coureur et/ou ses collègues, des significations partagées de chaque technique fondamentale et de la relation perception-action-conséquence perceptive qui lui est associée. Pour qu'une image mentale et une action simulée similaires naissent concomitamment dans l'organisme de chaque interlocuteur, afin d’être sûr de penser la même chose.

La grille oriente les observations du praticien pour objectiver ses évaluations. Tandis que le modèle technologique le guide pour conseiller plus justement le skieur, élaborer un projet éducatif découlant de cette évaluation et inventer des situations d'apprentissages facilitant l'apprentissage de la technique défaillante.

Modéliser une activité physique, ce n’est pas simplement analyser, décomposer, mathématiser les mouvements d’un pratiquant expert. C'est aussi étudier le fonctionnement biomécanique du système acteur-équipements-contexte, pour découvrir les relations existant entre ses actions et leurs conséquences mécaniques, afin de déterminer celles qui sont fondamentales pour cette pratique et définir des repères d’observation objectivant l'évaluation de sa technicité et les perceptions qui leurs correspondent. Le but étant de lui proposer des repères d'auto-évaluation pour lui apprendre à apprendre. C'est encore traduire le langage du physicien en images et en mots facilitant le partage de chacune de ces causalités avec un public visé, afin qu’il acquière une valeur d'usage explicite. Avec comme ambition finale l’invention de techniques plus efficientes.

* La technologie est la science des techniques corporelles et matérielles.

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